mercredi 25 avril 2012

Pas de petits profits pour les éditeurs scientifiques

Il n'y a pas de petits profits pour les éditeurs scientifiques, y compris quand il s'agit d'éditeurs qui diffusent des revues à très fort facteur d'impact et dont la marge bénéficiaire annuelle est importante. Certains éditeurs ne manquent pas d'imagination pour concevoir des modèles économiques assez loufoques. On pense ici à un éditeur particulier que par charité on ne citera pas, mais dont on peut dire tout de même que son nom évoque très fortement la nature. Cet éditeur bucolique propose ou plutôt impose aux bibliothèques universitaires et aux laboratoires un modèle économique fondé sur un système de "barrière mobile" (on parle aussi d' "années roulantes"). 

Freight Train
Ne pas confondre barrière mobile et passage à niveau ! 
Freight train. Par Doug McG. CCY-BY-NC-ND 2.0. Source: Flickr

Le principe est le suivant: le nombre d'années d'archives auxquelles l'établissement abonné a droit est prédéterminé contractuellement, de sorte que l'établissement perd chaque année l'accès à une année d'antériorité dans la couverture chronologique. Dans le cas où le modèle tarifaire prévoit un accès aux 4 dernières "années roulantes" pour les archives, voici comment les choses se passent:

- à l'année n du premier abonnement, l'établissement a accès aux années n-4, n-3, n-2, n-1, n; soit, si l'on prend par exemple l'année 2011 comme année de référence (date à laquelle l'établissement aurait souscrit pour la première fois un abonnement à la revue): accès aux années 2007, 2008, 2009, 2010, 2011

- à l'année n+1, l'établissement  a accès aux années n-3, n -2, n-1, n, n+1
  soit en 2012: accès aux années 2008, 2009, 2010, 2011, 2012

- à l'année n+ 2, l'établissement  a accès aux années n-2, n-1, n, n+1, n+2
 soit en 2013: accès aux années 2009, 2010, 2011, 2012, 2013

-  à l'année n+ 3, l'établissement  a accès aux années n-1, n, n+1, n+2, n+3
 soit en 2014: accès aux années 2010, 2011, 2012, 2013, 2014

- à l'année n+ 4, l'établissement a accès aux années n, n+1, n+2, n+3, n+4
soit en 2015: accès aux années 2011, 2012, 2013, 2014, 2015.

A partir de l'année n+4, le mécanisme des  années roulantes cesse de fonctionner car l'année du début de la couverture chronologique coïncide avec l'année n du premier abonnement.

En contrepartie de la perte chaque année d'une année d'archive, l'éditeur propose le rachat des archives à des tarifs élevés.

Ce modèle est aberrant. Les établissements payent deux fois leur abonnement: une fois pour l'année en cours et les années roulantes, un seconde pour l'accès aux archives auxquelles ils avaient eu accès... avant que la barrière ne bouge.


A quand un boycott, semblable à ceux menés récemment à propos de Springer ou d'Elsevier, à l'encontre des éditeurs scientifiques qui se livrent à ce genre de pratiques?

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